Hélène Fillières

Que cette édition nouvelle fasse éclore de nombreux nouveaux talents !

La mode a toujours fait partie de ma vie et j’ai depuis un respect infini pour les créateurs. Les photographes autant que les designers.

J’ai été mannequin dans les années 90, j’ai eu l’honneur d’être photographiée par de grands photographes (Paolo Roversi, Jurgen Teller, Mark Borthwick, David Sims, Mario Testino…),  et d’être habillée par les créateurs, les plus divers de Saint Laurent à Martin Margiela, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Martine Sitbon, Jean Colonna, ou encore Helmut Lang, pour lesquels j’ai eu la chance de participer à de nombreux défilés ou shooting photos.

C’est une période de ma vie qui m’a toujours portée et beaucoup aidée dans mon travail d’actrice et de metteur en scène : aimer le regard du photographe et susciter la pose qui deviendra le cliché comme on peut susciter une place ou un mouvement de caméra sur un plateau de cinéma au moment des répétitions.

Le vêtement de mode est, lui aussi, à sa façon un rôle qui doit s’endosser et la mission du mannequin comme des acteurs est de faire surgir le personnage.

 

Je viens d’une époque où les mannequins étaient soit super starisées soit dénigrées au profit des actrices. Aujourd’hui les frontières se sont estompées dans un sens comme dans l’autre ouvrant la voie à une nouvelle façon de percevoir le travail de création. Les mannequins deviennent actrices, et les actrices deviennent mannequins. C’est à l’origine, le même métier : une mannequin joue des personnages à chaque tenue différente, à chaque shooting différent. Une actrice doit savoir capter la lumière et jouer avec la caméra et refaire les prises parfois pour des raisons qui dépassent la question du jeu.

 

Dans tous les cas, il s’agit avant tout de jouer : séduire et capter le regard en suscitant une émotion et un trouble.

 

La Corse a fait éclore l’une des plus belles créatures photographiques en la personne de Laetitia Casta, que l’on peut considérer comme l’une des premières à avoir su faire tomber le mur entre le mannequinat et le travail d’actrice. Précurseure de cette nouvelle façon d’assumer son image, Laetitia Casta a su avant l’heure libérer la pulsion scopique qui fait le sel de tout travail de création photographique.  J’ai eu la chance de la diriger dans mon premier film, qui était pour elle aussi un de ses premiers rôle au cinéma, (Une Histoire d’Amour) et ce fut pour moi une expérience très marquante. A travers la figure de mon actrice, j’ai senti que la réalisation cinématographique me permettait de réconcilier ma créativité et mon expérience personnelle de modèle, actrice et mannequin.

 

Actrice, mannequin ou réalisatrice, toutes les facettes de mes expériences créatives trouvent leur écho en ayant le privilège d’être cette année la marraine du Festival Creazione 2022

Que cette édition nouvelle fasse éclore de nombreux nouveaux talents !

Ange
Leccia

« Bastia a su ouvrir le territoire de la création »

Cinéaste et plasticien reconnu bien au-delà de l’île, Ange Leccia est cette année le parrain de Creazione. Entre une exposition à Milan et la sortie d’un film sur Christophe, prévue pour septembre 2022, le Bastiais consacre même au festival de sa ville une œuvre à part entière…

Pourquoi avoir accepté de parrainer l’édition 2022 de Creazione, dédiée aux cinq éléments ?

Accompagner la création me semble essentiel, particulièrement dans la période que nous traversons et parce que la Corse, par sa beauté et sa proximité avec la nature, se doit de rester une source d’inspiration. Si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est d’ailleurs grâce à elle et à des personnes qui, sur cette île, m’ont permis de devenir pleinement artiste.

 

Avant de participer au festival en tant que créateur, vous en avez donc été un des visiteurs ?

Tout à fait ! Et j’y ai trouvé une belle énergie ! Creazione véhicule un enthousiasme communicatif. Loin d’une culture élitiste, il brille par son ouverture et touche le plus grand nombre.  C’est un univers décloisonné et foisonnant, investi par un public jeune et tout cela est très positif.

 

Gommer les frontières est pour vous l’essence même de la création ?

Les arts ne cessent de se nourrir les uns les autres. Cinéaste et plasticien, j’ai quant à moi réalisé aussi des décors de défilés pour de grands noms de la mode dont Vuitton et Hermès. Creazione ne pouvait donc que me parler !

 

Vous lui dédiez même une œuvre…

J’ai eu un grand plaisir à monter, rien que pour le festival, une série d’arrangements vidéo. J’y ai fusionné des images de modèles ou mannequins féminins avec celles d’éléments naturels, tous les paysages ayant été filmés en Corse. Ces compositions seront projetées durant toute la durée de la manifestation au Palais des Gouverneurs.

 

Quels liens entretenez-vous plus particulièrement avec Bastia ?

J’y ai fait toutes mes années de collège et de lycée et ma famille y est toujours installée, dont mes parents, tous les deux centenaires. Bastia, c’est aussi pour moi la naissance d’une vocation, avec des rencontres-clés qui allaient décider de mon futur destin artistique, m’ouvrir les yeux et le territoire de la création : José Lorenzi, Dominique Degli-Esposti… La ville, avec sa productivité intellectuelle et culturelle, ses quartiers, sa solidarité, m’a donné confiance. J’y ai réalisé mon tout premier film et vécu mes premières amours. Je souhaite que nombre de jeunes talents puissent à leur tour s’y épanouir. Et Creazione me semble être pour eux la plus belle des vitrines !