Creazione

Festival méditerranéen de la Mode et du design

In Giru 2023, itinéraire artistique au fil du territoire bastiais

IN GIRU c’est un itinéraire artistique comme une invitation à changer de regard sur nos paysages et notre patrimoine.

L'artiste :
Philippe Echaroux

La promesse de ce rêve alléchant nous conduit d’abord au sud de Bastia, sur les hauteurs de Furiani, village d’âme médiévale où les habitations serrées les unes contre les autres côtoient la roche, ménageant des passages faits pour une rencontre intime avec la Corse, jusqu’au surgissement d’une figure tutélaire, symbole de pureté et de grâce… L’église paroissiale Saint Jean-Baptiste se dresse là, lumineuse, avec le bleu du ciel en toile de fond. Couvrant l’un de ses flancs, un ange immensurable à la robe rouge se penche sur la porte de bois, les mains suspendues avec la délicatesse d’une danseuse, comme dans une révérence. Voici le détail agrandi d’une peinture de Juan Antonio Escalante datant de 1670 et conservée à la Gemäldegalerie de Berlin, mais d’où l’ange a fini par « s’envoler » sous l’impulsion de Julien de Casabianca, artiste corse internationalement connu pour ses collages monumentaux.

Étape 2 : Bastia, promenade inspirante

Comme en écho, la magie nous appelle déjà ailleurs. Elle s’est nichée à Bastia même, au cœur du Vieux-Port, site emblématique égrenant ses façades colorées  d’inspiration toscane et ses balcons légers au-dessus des stores de bars et de restaurants, face aux embarcations. Entre deux toits de lauzes, des ailes immenses se déploient, sous les volutes et les deux clochers de Saint Jean-Baptiste, mille fois photographiés. La plus vaste des églises paroissiales de Corse accueille ainsi en grand, au su et au vu des passants, la femme-ange en compassion, extraite d’une œuvre bien connue d’Eugène Delacroix, et venue composer là un paysage urbain unique. Une invitation à se fondre dans Bastia, à s’immerger dans ses ruelles, à s’imprégner de tous ses arômes et des sonorités de la langue corse. Et à laisser faire l’hospitalité des Bastiais, avant de rejoindre d’autres horizons tout proches.

Étape 3 : Ville di Petrabugno, allier nature et culture

Car suspendue au nord de Bastia nous attend Ville di Petrabugnu, disséminant ses hameaux, ses cours d’eau et ses sentiers du patrimoine sur des terres de schiste et d’ophiolites. Entre Moyen Âge et époque baroque, notre parcours artistique à ciel ouvert nous mène à Sainte Lucie, église du 18e siècle se dévoilant au détour d’un virage. Troisième ange à apparaître, le chérubin est cette fois celui de Guerchin, tout droit venu de la basilique San Paolo Maggiore de Bologne pour, drapé de bleu, faire honneur à l’édifice et au site, remarquable belvédère donnant sur les îles de l’archipel toscan, la plaine de la Marana  et l’étang de Biguglia. S’attarder ici, c’est goûter à l’esprit de village, partager un peu de cette autre vie, faite de liens ténus entre habitants, de cris et de jeux d’enfants, du regard profond et du témoignage des « anciens » que l’on croise, parfois assis devant leur porte, garants d’une Corse authentique.

Étape 4 : San Martinu di Lota, à la découverte du patrimoine bâti

Le Cap Corse n’est alors qu’à deux pas. Et nous y avons un quatrième rendez-vous, immanquable : cette fois avec San Martinu di Lota, ses onze hameaux partagés entre façade maritime et intérieur, son paysage vallonné, ses frênes, ses aulnes et ses châtaigniers. Et bien sûr son église Saint Martin, du nom de celui qui partagea son manteau par charité, mais qui aussi préchait en Corse et que le village fête chaque année en grandes pompes. Une merveille architecturale du 17e, accolée à d’autres éléments d’art religieux, et classée monument historique, au même titre que quatre des œuvres qu’elle renferme. La femme-ange du peintre Thayer s’y est tout naturellement posée, les yeux fermés, appuyée tout contre ses murs, en toute confiance, laissant le passage aux visiteurs, ainsi encouragés à pousser la porte…

Étape 5 : Miomu, baignade avec vue sur oeuvre

Vient alors le temps d’une dernière escale en contrebas, sur la plage de galets de Miomo, à Santa Maria di Lota, pour retrouver les embruns et l’atmosphère d’une station balnéaire, mais aussi l’Histoire de Corse liée à la mer et qui a façonné les habitants : celle des invasions barbaresques ayant commandé l’édification, à l’époque génoise, de ces tours de guet qui, fièrement, jalonnent le littoral cap-corsin et dont un des plus beaux exemplaires, datant du 16e siècle et classé lui aussi monument historique, demeure ici, éternel et patient. Un trésor encore sublimé par la présence de l’archange Gabriel, le messager qui apporta au genre humain, plongé dans les ténèbres et désespérant de son salut, l’annonce longtemps souhaitée de la rédemption des hommes, de la délivrance et de la liberté.

Là, au cœur du Cap Corse, s’offre le point d’orgue d’un parcours artistique à ciel ouvert, à suivre jusqu’au mois d’octobre 2022, et qui n’est en fait que le début d’un voyage infini auquel nous invitent Bastia et ses alentours. Une odyssée unique qui ne se refuse pas !